À l’ombre d’un chêne séculaire avec Claude Bourguignon – Entretien exclusif

Entretien avec Claude Bourguignon, par Christophe Gatineau :

Lui dans son trou avec seulement la tête qui dépasse et nous au bord, nous le regardons de haut. Rarement, j’ai été impressionné par autant de bon sens paysan, un tsunami de cohérence si j’osais, et même si effectivement Claude Bourguignon reste aujourd’hui ce que l’on fait de mieux sur le plan pédagogique.

De l’ignorant qui s’ignore et qui ne comprend pas pourquoi ses légumes ne poussent pas à l’ombre des arbres du Limousin, à l’ingénieur agronome formaté à la pensée unique institutionnelle, tous étaient suspendus à ses lèvres tant le gars maîtrise l’art de donner envie de Savoirs. Nous debout au bord du trou, lui dedans pendant près de deux heures !

“Aujourd’hui, il y a plein de mouvements dans la permaculture et c’est difficile de s’y retrouver.

Pour faire simple, il y a eu celui du Japonais Masanobu Fukuoka qui a enrobé ses graines avec de l’argile pour les semer ensuite à la volée sur le sol, sans le retourner ni le travailler. Et ne pas toucher au sol est le principe même de la permaculture.

Puis il y a eu l’école australienne de Bill Mollison qui a développé des techniques complexes en réponse à des milieux extrêmement secs comme l’Australie. Ces techniques sont spécifiques à des milieux très « séchants », c’est-à-dire à moins de 300 mm d’eau par an. J’ai vu ces mêmes techniques mises en place au Maroc dans un milieu à 700 mm d’eau par an, et ça a fait crever les oliviers et les vignes, car du coup il y avait trop d’eau.

Les gens oublient qu’il n’y a pas d’écoles systématiques ou de techniques universelles. La perma-culture que nous pratiquons au Burkina Faso ou au Sénégal avec Lydia, n’est pas celle que nous faisons en Tunisie, en Limousin ou en Suède.

Autre exemple. Le principe Jean Pain est issu de la technique des buttes camerounaises. Il correspond également à des milieux « séchants » où, ajoutés à des pluies rares et un sol très poreux, on peut se permettre d’enterrer des bois. Mais attention, au Cameroun, les termites les transforment très rapidement et en France, ces termites n’existent pas ! Donc à la rigueur, on peut enterrer des résineux (dans le Sud) parce qu’ils ont très peu de #lignine mais si vous prenez du charme, vous allez bloquer votre sol.”

Claude Bourguignon

Lire l’article complet de Christophe Gatineau sur Le Jardin Vivant

4 Comments

Leave a Reply

Laisser un commentaire