Véritable exploit, dans son micro jardin de 30-35 m², Joseph produit 300 kg de légumes à l’année.
Pour rentabiliser chaque mètre carré de son petit jardin, Joseph a multiplié les astuces : il a réussi à y caser un potager, un verger, une mare, une serre et à y faire pousser une centaine de fruits et légumes différents.
Un Jardin En Ville
Un coin de gazon, quelques rangs de légumes, une petite serre. Vu de la rue, on pourrait croire qu’on passe devant un jardin comme un autre, cultivé depuis quelques décennies par un gentil papi consciencieux. On aurait tout faux.
Joseph Chauffrey et sa compagne ont emménagé à Sotteville-lès-Rouen – à quelques minutes en métro du centre-ville de Rouen (Seine-Maritime) – il y a quatre ans. À l’époque, ils étaient presque néophytes et une bonne partie du jardin actuel était bitumée. Depuis, cet espace de 150 m² est devenu un micro-jardin hyper-productif. On y trouve un potager de 25 m², un verger de 10 m², mais aussi une mare et une serre minuscules.
Les Quatres Principes d’une bonne Productivité selon Joseph Chauffrey
- Premier principe
Placer tous les éléments du jardin en relation les uns par rapport aux autres. Chaque élément à plusieurs fonctions dans l’éco-système. Les besoins sont produits de plusieurs manières.
- Deuxième principe
Utiliser au mieux les ressources : l’eau, la lumière, attirer les auxiliaires, de prendre soin de ses cultures.
- Troisième principe
Avoir un sol sauvage par le paillage, le non travail du sol si ce n’est le passage de la grelinette une fois par an et la création de butte..
- Quatrième principe
Viser la plus grande diversité végétale cultivée et spontanée au jardin.
Productivité
En 2014, 252 kilos de plus d’une centaine de fruits et légumes différents ont été récoltés ici. Suffisant pour que Joseph et sa compagne – qui pèsent consciencieusement chaque récolte – n’achètent quasiment plus aucun légume. En 2015, Joseph pense passer la barre des 350 kilos de production. Et bien plus encore les années suivantes, quand les arbres fruitiers auront atteint une taille adulte. Le tout en ne consacrant « pas plus de dix heures par semaine au maximum au jardin ».
Jean-Paul Thorez, ingénieur agronome auteur de nombreux ouvrages sur le jardinage biologique, a visité plusieurs fois le jardin de Joseph Chauffrey. Il nous confirme : « Ce jardin est probablement l’un des jardins les plus productifs du monde au mètre carré sous ces latitudes. C’est le fruit de sa démarche qui est à la fois technique et intellectuelle. Il y a chez lui un mélange d’attention extrême et d’une recherche constante d’optimisation. Il n’a rien inventé, mais il a su s’inspirer des bonnes sources, entre les pionniers de la bio, les références techniques, des choses moins connues comme les jardins créoles en trois dimensions. »
Si l’on ne s’aperçoit pas de cette incroyable productivité au premier coup d’œil, c’est que Joseph s’est en prime ajouté ce défi : « Je ne voulais pas que le jardin soit seulement un potager, je voulais qu’il soit aussi beau, agréable, qu’il attire les insectes et les oiseaux [d’où la mare, ndlr]. J’ai donc essayé de concevoir plusieurs espaces complémentaires de telle façon à ce que chacun d’eux ait plusieurs fonctions et que chacun des besoins du jardin soit rempli de plusieurs façons différentes. »
Pour remplir tous ces objectifs a priori bien différents, Joseph a dû recourir à de nombreuses astuces, qu’il a trouvées en fouillant dans sa bibliothèque ou en passant de nombreuses heures sur Internet. Il assure : « Finalement, la petite taille de mon jardin est un avantage, ça me force à innover et ça me permet d’accorder beaucoup plus de temps et d’attention à chaque mètre carré disponible. »
Résultats détaillés pour 2014, compilés sur un document pdf à télécharger ici.
Autonomie
Joseph ne cultive ni pommes de terre, ni ail, ni endives. Il n’est donc pas autonome à 100%. « Par contre, on a encore des courges et des petits pois de l’an dernier, on est capables de faire le tour de l’année, d’avoir des légumes pendant la saison la plus dure, vers mars et avril. » Le jardinier note tout, avec une rigueur impressionnante : « Je pèse tout ce qui sort de mon jardin et je compile dans un tableau Excel (voir ci-dessus pour le (télécharger). Ça me permet de tirer des conclusions, de ne rien oublier. »
Petit tour de jardin et de ces innovations « low-tech »
Des courges dans les airs : entre juillet et septembre, on peut voir des courges et des haricots suspendus un peu partout dans le jardin de Joseph, comme le montrent la photo et la vidéo ci-après. Ces prouesses ont valu à Joseph un petit succès dans le cercle des jardiniers connectés quand, en août dernier, il a tourné une petite vidéo sur son jardin et l’a publiée sur Youtube. Depuis, de nombreuses personnes le contactent pour échanger avec lui et l’imiter. « J’essaye de cultiver de manière verticale. Je laisse pendre des fils sur lesquels grimpent les haricots, je tends aussi des cordes pour faire grimper les courges sur le toit de mon abri de jardin ou sur ma pergola. Ça fonctionne très bien, le pédoncule se renforce et peut tout à fait supporter le poids du fruit. »
Des légumes perpétuels : de la livèche – plante d’un mètre de haut dont les feuilles ont le goût de céleri. Du chou Daubenton, légume vivace dont les feuilles se dégustent toute l’année. Mais aussi des choux brocolis vivaces ou des oignons perpétuels. Dans le jardin de Joseph, nombre de légumes ne meurent jamais :
« J’ai tapé “légumes perpétuels” sur Le Bon Coin, je suis tombé sur un mec de l’Est qui vendait des graines dans de petites enveloppes. Ça remplace finalement beaucoup de choses, par exemple, je pense que je ne cultiverai bientôt plus d’épinards, c’est compliqué alors qu’il y a énormément d’alternatives qu’on peut mélanger quasiment toute l’année, comme le chénopode, la bourrache, la consoude ou l’arroche. »
De l’urine et de la paille : une partie du jardin de Joseph était dallée. Inexploitable ? La lecture d’un livre sur la culture sur botte de paille a inspiré à Joseph une solution : le micro-jardinier a repiqué tomates et choux directement dans trois bottes de paille.
« Ça fonctionne vraiment très bien. Ça permet d’imaginer beaucoup de choses, des jardins déplaçables par exemple. La paille ne demande pas plus d’eau, au contraire, elle est creuse et donc la retient bien.
La botte va tenir deux ans puis elle va peu à peu se composter en son centre et je pourrai l’utiliser pour recouvrir et enrichir mon sol.
La seule chose, c’est que la paille est une matière très carbonnée, il faut donc y ajouter de l’azote. Beaucoup de gens proposent d’utiliser d’énormes quantités d’engrais, mais l’urine est une très bonne solution, j’ai testé les deux et obtenu des résultats comparables. Ça ne pose aucun problème d’hygiène bien sûr. »
Des buttes de culture : dans son petit espace potager, Joseph a enterré une grande quantité de bois mort qui va nourrir son sol pendant plusieurs années. Il a recouvert la butte obtenue de paille, et posé des planches de bois sur le sol. Aussi le sol cultivé est vivant, jamais compacté… et hyper-productif.
Prolonger les Saisons
Pour produire plus, il faut aussi gagner du temps. Pour ce faire, Joseph a lu des ouvrages de maraîchers nord-américains, comme Eliot Coleman. Il sème des graines très tôt en mini-mottes à l’intérieur de sa maison ou, dès que c’est possible, dans sa petite serre ou dans un châssis qu’il a fabriqué en recyclant une vieille porte-fenêtre.
Une fois ses plants poussés et les beaux jours venus, il peut les repiquer dans son jardin ou en pot sur sa terrasse, où les murs blancs permettent encore de gagner de la chaleur et du temps. C’est ainsi qu’il déguste des tomates dès la fin mai, une prouesse dans la région. De même, il sème des graines de légumes juste avant l’hiver, pour que les plants végètent pendant plusieurs mois et « repartent » au moindre signe d’arrivée du printemps.
Le Micro Jardinage
Le micro-jardin, comme son nom l’indique, est un tout petit jardin qui doit permettre aux habitants de la ville de récolter chaque jour des légumes frais pour la consommation de la famille et éventuellement pour la vente des excédents dans le voisinage.
Le plus souvent le micro jardin se fait hors sol pour remédier à l’absence de terres cultivables au niveau des habitations dans les villes, mais lorsque c’est possible, comme dans le cas de Joseph, une petite cour peut être transformée en micro-jardin avec des résultats surprenants.
La technique consiste à cultiver sur un substrat composé de 40 % de coque d’arachide, 40 % de balle de riz et 20 % de latérite disposée dans une table de culture construite à partir du bois de vieilles palettes ou dans d’autres types de récipients de récupération comme de vieux pneus (si hors sol).
Les avantages des micros jardins sont qu’ils prennent peu de place, nécessitent moins d’eau que les cultures conventionnelles et requièrent très peu d’efforts physiques, car adoptent les principes de la permaculture.
Il est possible de cultiver une vaste gamme de produits selon la préférence des consommateurs : des légumes comme la laitue, le chou, la tomate, l’oignon, le gombo, le bissap (oseille de Guinée ), des plantes aromatiques comme la menthe et le basilic. Ces produits sont sains parce que par principe, le micro jardin exclut l’utilisation de pesticides chimiques dangereux pour l’homme et son environnement et d’eau souillée pour l’arrosage des plantes.
Joseph nous explique dans l’une de ses vidéos, qu’il cultive plus de 150 plantes différentes dans son très petit jardin…
Pour en apprendre plus, le livre Mon petit jardin en Permaculture, de Joseph Chauffrey sortira le 07 Février 2017 et est déjà disponible en précommande :
Pour prendre contact avec Joseph Chauffrey : josephchauffrey@wanadoo.fr
Article découvert sur le site Energie Santé
Bonjour je découvre votre site et c’est génial je veux faire la même chose dans mon p’tit potager ( 20 m2 ) et surtout bio comme vous , encore merci .
Merci très intuitives
j”adore j’ai besoin de conseil mon frere a une terasse et ne s’ en sert pas j’aimerai l’optimiser
Ce que vous faites est génial. J’essaie de tendre vers quelque chose d’approchant, cet article m’a donné de nouvelles idées. Trop cool ce que vous accomplissez, et plus encore de le partager!
Ça fait rever
Oui, on espère tous arriver à ce résultat, petit à petit (y) D’autant plus qu’en mettant en place sur de plus grande échelles à travers le monde cela résoudrait beaucoup de soucis quand à l’alimentation de la population.
c’est de ça dont je rêve 🙂
Alors c’est atteignable 😉 Bonne réalisation !
Magnifique
mouais, ne quasiment jamais acheter de légumes avec un potager de 25m² je trouve ça très gros comme info, même pour un jardin en permaculture…5 kilos de légumes en moyenne par semaine je ne suis pas convaincu, à voir en vidéo peut être
Bonjour Mario, Vous avez raison de garder un esprit critique sur ces chiffres auxquels il est facile de faire dire ce que l’on veut. Et parler d’autonomie ne veut pas dire grand chose non plus sans préciser la taille du foyer, le mode de vie, le nombre de repas à la maison, le régime alimentaire… En l’occurrence, nous sommes 2, et j’estime que nous réalisons entre 1000 et 1200 repas à la maison chaque année. Le reste du temps, les repas sont pris en dehors du foyer. Et sur cette base, je vous confirme que nous n’achetons presque plus de légumes. Je vous souhaite une bonne journée.
Super intéressant
Ca fait plus de 35 m2 c ridicule
Bonjour Aurélien. C’est la surface cultivée en fruits et légumes qui fait 35 m2, et non la taille du jardin.
Joseph Chauffrey meme avec cette précision je pense que ce n’est pas réaliste pour tous mais rien n’est impossible et c tant mieux pr vous et ca reste un bel exemple, juste ne pas faire croire que c’est transposable a tous. Je trouve que vous avez mis en place de supers méthodes et je vous dis bravo pour vos initiatives et vos résultats, je vais vous suivre et m’inspirer de certaines idées.
j adore
J ai dévoré cette publication ..
Je souhaiterai que Mr Chauffrey me conseille pour mon futur petit jardin . Je fais construire une maison de 66 m2 sur un terrain de 349 m2 .
c’est bien mais il faut aussi voir le détail