Kesako ?
La transmission générationnelle désigne le processus par lequel des traits biologiques, comportementaux, culturels, ou sociaux sont transmis d’une génération à l’autre. Cela implique la transmission de l’ADN et des caractéristiques génétiques des parents à leur progéniture, assurant la perpétuation des espèces et l’adaptation aux environnements.
En biologie, la génétique des populations et l’épigénétique montrent que des traits peuvent être hérités non seulement par la transmission directe des gènes, mais aussi par l’expression de ces gènes influencée par des facteurs environnementaux (ex. : nutrition, stress). Cette notion élargie de l’hérédité a été étudiée par des chercheurs comme Jean-Baptiste Lamarck, qui proposait que certains traits puissent être acquis et transmis, bien avant la validation scientifique de la génétique moderne par Gregor Mendel au XIXe siècle.
Dans le contexte de la permaculture et des pratiques agricoles durables, la transmission générationnelle joue un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité et l’adaptation des cultures aux conditions locales. Les semences transmises de génération en génération non seulement préservent des variétés anciennes mais sont également le produit d’une sélection naturelle et d’adaptations successives qui permettent aux plantes de s’épanouir dans des conditions spécifiques.
Ainsi, des recherches scientifiques suggérent que les plantes cultivées sur un sol où leurs plantes parentes ont déjà poussé peuvent bénéficier d’influences génétiques et microbiennes. Ce phénomène repose sur la transmission de traits avantageux et de communautés microbiennes qui améliorent la croissance et la résilience des plantes.
Le microbiome du sol et la santé des plantes
Les plantes interagissent avec un microbiome diversifié, notamment dans leur rhizosphère (zone racinaire). Ces microorganismes jouent un rôle clé en améliorant l’absorption des nutriments, en renforçant la résistance aux ravageurs et en aidant à l’adaptation aux stress environnementaux. Les microbiotes associés aux graines et aux racines peuvent s’enrichir dans le sol au fil des générations, créant ainsi un environnement favorable pour les cultures suivantes. Ce concept s’inscrit dans la théorie du « holobionte », qui considère les plantes et leurs microbes associés comme une unité génétique unique influençant des traits tels que la croissance et la résistance au stress.
Effets transgénérationnels
Les recherches montrent que les sols utilisés par une espèce végétale spécifique retiennent une signature microbienne favorable à cette même espèce ou à des espèces apparentées. Par exemple, les microbiotes des graines jouent un rôle essentiel dans la promotion de descendants plus sains et plus résistants. Cela inclut des populations microbiennes capables de moduler les réponses des plantes aux stress biotiques et abiotiques.
Implications pratiques
Ces découvertes mettent en lumière l’importance de la santé des sols et des stratégies de rotation des cultures pour préserver ou améliorer les populations microbiennes. En favorisant la diversité microbienne, les agriculteurs peuvent réduire leur dépendance aux engrais chimiques et aux pesticides tout en augmentant les rendements des cultures de manière durable.
Ces avancées ouvrent la voie à des pratiques agricoles innovantes et des stratégies de sélection végétale qui intègrent la gestion des microbiomes. Ainsi, l’agriculture de demain pourrait cultiver des plantes en symbiose avec leurs partenaires microbiens co-évolués pour une croissance optimale.
L’émission Nouvo pour RTS reporte sa mise en application par le agriculteur semencier Pascal Poot, dans le sud-ouest de la France :
Pascal Poot est un agriculteur français autodidacte connu pour son approche unique de la culture et de la sélection des semences. Basé dans le Languedoc, il s’est fait remarquer pour sa capacité à cultiver des légumes, notamment des tomates, dans des conditions arides et difficiles, sans recours aux arrosages intensifs ou aux produits phytosanitaires chimiques. Son travail défie les pratiques agricoles conventionnelles et met en lumière le rôle de la sélection naturelle dans l’agriculture.
Une méthode de culture singulière
Pascal Poot cultive ses plantes dans un sol pauvre, avec peu ou pas d’eau, les laissant s’adapter aux contraintes environnementales. Contrairement aux méthodes conventionnelles qui favorisent les conditions optimales, il adopte une approche où les plantes s’habituent à résister aux stress. Cela leur permet de développer des traits génétiques favorisant leur résilience. Ces semences, sélectionnées sur plusieurs générations, donnent naissance à des plantes adaptées à des environnements hostiles.
Son impact dans le domaine agricole
- Conservation de la biodiversité : Pascal Poot conserve et améliore des variétés anciennes, contribuant à maintenir une diversité génétique cruciale à l’agriculture durable.
- Transmission des savoirs : Il partage son savoir-faire à travers des formations et des ateliers destinés aux agriculteurs, jardiniers amateurs, et scientifiques.
- Succès médiatique : Il est devenu une figure médiatique, attirant l’attention de chercheurs et de passionnés d’agriculture alternative du monde entier.
Une philosophie en phase avec la permaculture
Son approche s’inscrit dans les principes de la permaculture, en valorisant l’autonomie des systèmes naturels. Selon lui, les plantes sont capables d’évoluer et de s’adapter lorsqu’elles ne sont pas trop assistées, un principe en résonance avec l’idée de la sélection naturelle.
Reconnaissance et inspiration
Son travail inspire de nombreuses personnes à repenser leurs pratiques agricoles et à explorer des méthodes plus respectueuses de l’environnement. Ses techniques montrent que même dans des conditions climatiques difficiles, il est possible de produire des aliments tout en préservant la santé des écosystèmes.
Pour aller plus loin, des reportages et interviews sur Pascal Poot approfondissent ses méthodes et leur impact, disponibles dans des médias tels que Le Monde et France Inter.
Plus de ressources sur le sujet
L’article publié dans Frontiers in Microbiology “Microbiome Selection Could Spur Next-Generation Plant Breeding Strategies” explore comment le microbiome du sol et des plantes peut être utilisé pour améliorer la sélection végétale et l’agriculture durable. Il souligne notamment que les plantes co-évoluent avec leur microbiome et que cette relation symbiotique joue un rôle central dans leur adaptation et leur santé, ouvrant la voie à des pratiques agricoles innovantes basées sur la gestion du microbiome.
Il y est mis en avant l’idée de considérer les plantes et leurs microbiomes comme une seule entité fonctionnelle, appelée “holobionte”, et propose des méthodes pour intégrer cette approche dans la sélection végétale future, notamment par la transplantation de sols enrichis en microbiomes spécifiques ou par l’utilisation de microbiomes synthétiques.
Vous pouvez consulter l’article complet ici : Frontiers in Microbiology – Microbiome Selection Could Spur Next-Generation Plant Breeding Strategies Frontiers.Un livre sur le sujet…
Le livre Faire ses semences potagères, écrit par Luc Devaux, est une ressource incontournable pour les jardiniers amateurs et les agriculteurs souhaitant gagner en autonomie tout en participant à la préservation de la biodiversité. Cet ouvrage pratique guide le lecteur à travers les étapes essentielles pour produire et conserver ses propres semences. Il offre des conseils précis sur la sélection, la récolte et le stockage des graines, tout en mettant en lumière l’importance des variétés locales et de la transmission des savoir-faire paysans.