La Forêt Nourricière – Réaliser un jardin comestible inspiré de la nature

La forêt comestible, également appelée jardin-forêt ou forêt nourricière, est un concept inspiré des écosystèmes forestiers naturels, visant à créer un paysage comestible cultivé en trois dimensions. Ce système de culture, partageant les principes de la permaculture et de l’agroécologie, cherche à établir un environnement autosuffisant et durable.

Tout d’abord… une brève démonstration en vidéo au jardin de Ketelbroek :

Découvrons maintenant plus en détail :

Structure et composition

Une forêt comestible est composée de plusieurs strates végétales :

  • Arbres (canopée)
  • Arbustes
  • Buissons
  • Plantes herbacées
  • Légumes racines
  • Couvre-sols
  • Lianes

Cette structure complexe imite celle d’une jeune forêt clairsemée, où chaque plante joue un rôle spécifique dans l’écosystème. La complémentarité des strates y est fondamentale, chacune ayant ses propriétés particulières et interagissant avec les autres pour créer un écosystème équilibré.

Par exemple, les grands arbres fournissent de l’ombre et protègent les plantes plus petites des vents violents, tandis que les couvre-sols préservent l’humidité et empêchent la croissance des mauvaises herbes. Les lianes utilisent les arbres comme support et optimisent ainsi l’espace vertical sans empiéter sur le sol. Cette coopération naturelle permet d’optimiser l’espace et de créer une diversité de niches écologiques favorables à une production alimentaire riche et variée.

Avantages écologiques

Les forêts comestibles offrent de nombreux bénéfices environnementaux :

  • Préservation de la biodiversité en créant des habitats pour la faune
  • Séquestration du carbone dans le sol et la végétation
  • Amélioration de la rétention d’eau et prévention de l’érosion
  • Recyclage naturel des nutriments

Régénération des sols : Les forêts comestibles jouent un rôle clé dans la régénération des sols appauvris. Grâce à des pratiques comme le paillage, l’ajout de matières organiques, et la présence de plantes fixatrices d’azote (comme le trèfle ou le robinier), le sol s’enrichit naturellement en nutriments. Cela favorise l’activité microbienne et améliore la structure du sol, le rendant plus fertile au fil des années. Ce processus permet de lutter contre la désertification et de redonner vie à des terres dégradées.

Bénéfices pour l’homme

Au-delà de leurs avantages écologiques, les forêts comestibles présentent plusieurs intérêts pour l’être humain :

  • Production d’une variété d’aliments frais et nutritifs
  • Création d’un espace de vie relaxant et connecté à la nature
  • Contribution à l’autonomie alimentaire
  • Résilience face aux aléas climatiques et aux ravageurs

Éducation et sensibilisation : Les forêts comestibles peuvent également servir de support pédagogique pour sensibiliser le public à l’écologie et à l’autosuffisance alimentaire. Elles sont souvent utilisées dans les écoles, les jardins communautaires et les projets de permaculture pour enseigner aux enfants et aux adultes le fonctionnement des écosystèmes, l’importance de la biodiversité et les méthodes de culture durable. Ces espaces deviennent ainsi des lieux d’apprentissage et de partage de savoir-faire essentiels pour préparer les générations futures aux défis environnementaux.

Mise en place et entretien

La création d’une forêt comestible nécessite une planification réfléchie, mais elle est accessible même aux jardiniers débutants. Après quelques années d’établissement, ces systèmes deviennent largement autosuffisants, nécessitant peu d’entretien et d’arrosage. En conclusion, les forêts comestibles représentent une approche innovante de l’agriculture et du jardinage, offrant une solution durable pour produire de la nourriture tout en préservant l’environnement et en renforçant la résilience face aux défis climatiques actuels.

Choisir les bonnes espèces : La réussite d’une forêt comestible dépend largement du choix des plantes. Il est crucial de sélectionner des espèces adaptées au climat local, à la nature du sol et à l’exposition du site. Par exemple, dans un climat méditerranéen, des espèces comme le figuier, le laurier-sauce ou l’olivier seront idéales. Dans un climat plus tempéré, des pommiers, des châtaigniers ou des noisetiers prospéreront davantage. Intégrer des plantes fixatrices d’azote et des espèces mellifères contribue également à améliorer la fertilité du sol et à attirer des pollinisateurs, essentiels pour une production abondante.

En plus de leurs bénéfices écologiques et alimentaires, les forêts comestibles offrent une opportunité de repenser notre rapport à la nature. Elles nous invitent à collaborer avec les écosystèmes plutôt qu’à les dominer. En intégrant des pratiques respectueuses de l’environnement, ces jardins-forêts participent à la construction d’un futur plus résilient et harmonieux, où la production alimentaire est en équilibre avec le vivant.

Documentation téléchargeable

Voici une sélection de ressources et retours d’expérience sur des réalisations de forêt nourricières

Création d’un jardin forêt dans le Gers

Création d’une Forêt Comestible au Bec-Hellouin


Création d’une mini forêt-jardin

Jardin forêt de la Licorne

Peut-on vivre d’un jardin forêt ?

Liste test pour une forêt comestible varoise

Un essai d’associations d’arbres et de plantes dans une forêt nourricière développée dans le département du Var (83), en climat méditerranéen :

Couche de canopée (Grands arbres)

Ces arbres forment le sommet de la forêt comestible, apportant ombre et structure.

  • Micocoulier (Celtis australis) — Arbre robuste et résistant à la sécheresse, ses fruits sont comestibles.
  • Pin parasol (Pinus pinea) — Fournit des pignons comestibles.
  • Chêne vert (Quercus ilex) — Arbre à feuillage persistant, très adapté aux climats secs. Ses glands peuvent être consommés après traitement. Favorise la biodiversité grâce à son feuillage dense.
  • Chêne-liège (Quercus suber) — Reconnu pour son écorce récoltée pour le liège. Résistant au feu et à la sécheresse. Ses glands sont comestibles après préparation.
  • Olivier (Olea europaea) — Arbre emblématique méditerranéen, résistant à la sécheresse. Produit des olives pour l’huile et la consommation directe. Très résilient face aux sols pauvres et calcaires.
  • Amandier (Prunus dulcis) — Arbre fruitier produisant des amandes riches en nutriments. Adapté aux sols secs et bien drainés. Floraison précoce qui attire les pollinisateurs.
  • Châtaignier (Castanea sativa) — Produit des châtaignes comestibles, riches en glucides. Préfère des sols légèrement acides et profonds. Apprécié pour sa longévité et son bois de qualité.
  • Caroubier (Ceratonia siliqua) — Arbre méditerranéen résistant à la sécheresse. Ses gousses sucrées sont utilisées pour la farine de caroube ou comme substitut au cacao. Fixateur d’azote et stabilisateur de sol.
  • Noyer (Juglans regia) — Arbre produisant des noix riches en oméga-3. Préfère des sols profonds et bien drainés. Offre une ombre dense et du bois précieux.
  • Laurier-sauce (Laurus nobilis)Grand arbre aromatique pouvant atteindre 10 à 15 mètres.
  • Néflier commun (Mespilus germanica) — Ses fruits se consomment blets.
  • Cerisier de Sainte-Lucie (Prunus mahaleb) — Petits fruits comestibles et utilisations aromatiques.
  • Pistachier vrai (Pistacia vera) — Arbre produisant les fameuses pistaches.
  • Érable de Montpellier (Acer monspessulanum) — Arbre résistant au climat sec, avec un intérêt ornemental.
  • Ziziphus (Ziziphus jujuba) — Le jujube, arbre résistant offrant des fruits sucrés.

Strate des arbres fruitiers intermédiaires

Des arbres de taille moyenne produisant des fruits variés.

  • Cognassier (Cydonia oblonga) — Fruits pour confitures et gelées.
  • Amélanchier (Amelanchier ovalis) — Baies sucrées comestibles.
  • Jujubier (Ziziphus lotus) — Arbre fruitier tolérant la sécheresse.
  • Poivrier du Sichuan (Zanthoxylum piperitum) — Baies épicées utilisées comme condiment.
  • Poirier sauvage (Pyrus pyraster) — Variété rustique de poirier.
  • Févier d’Amérique (Gleditsia triacanthos inermis) — Ses gousses sont utilisées pour des préparations alimentaires.
  • Figuier (Ficus carica)
  • Pêcher (Prunus persica)
  • Abricotier (Prunus armeniaca)
  • Prunier (Prunus domestica)
  • Plaqueminier (Kaki) (Diospyros kaki)
  • Grenadier (Punica granatum)
  • Néflier du Japon (Eriobotrya japonica)
  • Citronnier (Citrus limon)
  • Mandarinier (Citrus reticulata)

Strate des arbustes et petits fruits

Des arbustes et buissons qui produisent des baies et petits fruits comestibles.

  • Lentisque (Pistacia lentiscus) — Résine aromatique et baies comestibles.
  • Sureau noir (Sambucus nigra) — Baies pour sirops et confitures.
  • Cornouiller mâle (Cornus mas) — Baies rouges acidulées, idéales en confitures.
  • Alaterne (Rhamnus alaternus) — Baies consommées traditionnellement en certaines régions.
  • Filaire (Phillyrea angustifolia) — Arbuste méditerranéen résistant.
  • Grévillier (Grevillea rosmarinifolia) — Mellifère et résistant à la sécheresse.
  • Arbousier (Arbutus unedo)
  • Cassis (Ribes nigrum)
  • Groseillier à maquereau (Ribes uva-crispa)
  • Framboisier (Rubus idaeus)
  • Goji (Lycium barbarum)
  • Argousier (Hippophae rhamnoides)
  • Myrte (Myrtus communis) — Arbuste méditerranéen à baies aromatiques.

Strate des plantes herbacées vivaces

Des plantes de petite taille apportant de la diversité alimentaire et améliorant le sol.

  • Fenouil sauvage (Foeniculum vulgare) — Feuilles et graines aromatiques.
  • Achillée millefeuille (Achillea millefolium) — Plante médicinale et comestible.
  • Chicorée sauvage (Cichorium intybus) — Feuilles amères et racines comestibles.
  • Lavande (Lavandula angustifolia) — Fleurs aromatiques pour infusions et condiments.
  • Fenugrec (Trigonella foenum-graecum) — Feuilles et graines utilisées comme épice.
  • Sarriette vivace (Satureja montana) — Plante aromatique pour cuisine et infusions.
  • Artichaut (Cynara scolymus)
  • Asperge sauvage (Asparagus acutifolius)
  • Rhubarbe (Rheum rhabarbarum)
  • Oseille (Rumex acetosa)
  • Poireau perpétuel (Allium ampeloprasum)
  • Consoude (Symphytum officinale)
  • Menthe (Mentha spicata)
  • Chardon-Marie (Silybum marianum)

Plantes couvre-sols

Des espèces qui protègent le sol, limitent l’évaporation et enrichissent le sol.

  • Bugle rampante (Ajuga reptans) — Plante couvre-sol mellifère.
  • Gazon d’Espagne (Armeria maritima) — Résiste bien à la sécheresse.
  • Sedum (Sedum spectabile) — Plante succulente résistante et ornementale.
  • Helichryse (Helichrysum italicum) — Fleurs jaunes aromatiques.
  • Lierre terrestre (Glechoma hederacea) — Couvre-sol aromatique et médicinal.
  • Bourrache (Borago officinalis) — Fleurs et feuilles comestibles, mellifère.
  • Fraisier (Fragaria vesca)
  • Thym (Thymus vulgaris)
  • Origan (Origanum vulgare)
  • Camomille (Chamaemelum nobile)
  • Mauve (Malva sylvestris)
  • Trèfle blanc (Trifolium repens)
  • Violette (Viola odorata)
  • Santoline (Santolina chamaecyparissus)

Lianes et plantes grimpantes

Ces plantes utilisent le support vertical pour produire des fruits sans prendre de place au sol.

  • Vigne (Vitis vinifera)
  • Kiwi (Actinidia deliciosa)
  • Passiflore (Passiflora edulis)
  • Houblon (Humulus lupulus)
  • Salsepareille (Smilax aspera) — Jeunes pousses comestibles, liane épineuse.
  • Clématite des haies (Clematis vitalba) — Utilisée traditionnellement pour ses jeunes pousses cuites.
  • Glycine (Wisteria sinensis) — Floraison ornementale et fixatrice d’azote.
  • Courge longue de Nice (Cucurbita moschata) — Variété traditionnelle méditerranéenne.
  • Pois de senteur vivace (Lathyrus latifolius) — Fixatrice d’azote et ornementale.
  • Capucine (Tropaeolum majus) — Fleurs et feuilles comestibles, attire les pollinisateurs.
  • Kiwaï (Actinidia arguta)
  • Chayotte (Sechium edule)

Plantes fixatrices d’azote (arbustes et arbres)

Ces espèces améliorent naturellement la fertilité du sol en fixant l’azote atmosphérique.

  • Argousier (Hippophae rhamnoides) — Baies riches en vitamine C.
  • Cytise (Laburnum anagyroides) — Fixateur d’azote et ornemental.
  • Coronille (Coronilla emerus) — Arbuste méditerranéen mellifère.
  • Alfa (Stipa tenacissima) — Fixatrice d’azote et résistante à la sécheresse.
  • Gommier bleu (Eucalyptus globulus) — Arbre fixateur et aromatique.
  • Trèfle incarnat (Trifolium incarnatum) — Couvre-sol enrichissant le sol.
  • Genêt (Spartium junceum)
  • Caraganier (Caragana arborescens)
  • Févier d’Amérique (Gleditsia triacanthos)
  • Lupin (Lupinus albus)
  • Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia)

N’hésitez pas à partager vos propres expériences sur la réalisation d’un jardin forêt, les essences associées et conseils en commentaires, pour étoffer cet essai et ainsi offrir une base de ressource diversifiée en fonction des différents climats, pour les porteurs de futurs projets !

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